All Photos by Guy L’Heureux (more photos under text)

SOLASTALGIA

20 JANUARY - 26 FEBRUARY 2022

McBride Contemporain

(Le text français suivra)

In 2003, two years prior to the launch of Google Earth, the environmental philosopher Glenn Albrecht coined the term “solastalgia” to describe environmentally induced distress. Albrecht writes, “As opposed to nostalgia--the melancholia or homesickness experienced by individuals when separated from a loved home--solastalgia is the distress that is produced by environmental change impacting on people while they are directly connected to their home environment.”[1]That this neologism emerged just before the release of Google Earth reveals an anticipation of a fundamental psychological register that would come to be produced through aerial views of landscape. As such, solastalgia could perhaps be considered an emotional data set of lamentation, layered into satellite imagery, which often illustrates, in before-and-after fashion, the collapse of ecosystems and the destruction of home.

 The first image that viewers encounter in the interactive geo-mapped world of Google Earth, is a composite, as satellite images tend to be. Formed of trillions of pixels of over a billion stitched-together satellite and aerial images, this image, explains Google, proposes a generalized global springtime – they refer to it as “Pretty Earth.” Matt Shane’s Solastagia is a series that seems to respond to this artifice of eternal spring and ideal landscape held monumental in some digital vacuum. Trespassing into extraterritorial regions, past where Google Earth is calibrated to hold form, Shane challenges structural integrity so that the architectures and infrastructures that occupy the scenes begin to melt or dissolve. What becomes pictured then is not forms but processes, whose forces appear more destructive than generative. In recording the rapid transformation of ecologies, they are examples of what Susan Schuppli calls “hyperimages.” [2]

 Solastalgia is also composite imagery – a series of paintings produced through layering strategies that read like digital artifacts. This is not to say they are photographic in the sense of realism, but rather that they convincingly borrow a pixelated syntax that balances between the formulation of data points and the corruption of resolution. Like the colour that is assigned to wavelengths in satellite imagery, Shane uses a hyperbolic colour palette to render his landscapes into a code of vivid reds, pale pinks, occasionally marred by dark patches whose surfaces hold the viscosity of oil spills. In certain pieces there is green, and we cling to it. They are images of images that acknowledge that they exist in the post-photographic era. In other words, their value is extracted not only from the discreet information held within the individual frames, but also from the relationships cultivated between each piece in the collection, extended to the flow of images in an agitated visual culture that continuously reproduces and circulates.

Text by Tracy Valcourt

 Matt Shane’s individual practice incorporates painting and drawing in several different modes, all of which are practised with assured handling and confident execution. Marrying imaginative and intellectual elements to a generous, humanistic outlook, Shane investigates places as ideas and vice versa. He creates panoramic vistas that both invite us inwards as well as insist on a mental taking stock, an attempt at systematic logic that can be understood as literal, political, technological - but also as aesthetic and abstract. Shane holds a BFA from the University of Victoria and an MFA from Concordia University, and lives and works in Montreal. He has received numerous grants, commissions, residencies, and bursaries and is currently a professor at Concordia University and Dawson College. His work can be found in the collections of the Bank of Montreal, the Caisse Populaire Desjardins,Hydro Québec, the Musée d’art contemporain des Laurentides, and the Musée d’art contemporain de Montréal.

[1] Glenn Albrech et al. “Solastalgia: The Distress Caused by Environmental Change,” Australasian Psychiatry, Feb. 2007.

[2] Matthew Fuller and Eyal Weizman, Investigative Aesthetics, London; New York: Verso, 2021, 79.

———

En 2003, deux ans avant le lancement de Google Earth, le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht introduit le terme solastalgia afin de décrire un sentiment de détresse causée par les changements climatiques. Albrecht écrit : « À la différence de la nostalgie – la mélancolie que ressentent certains individus lorsque séparés de leur foyer – la solastalgie réfère à une détresse causée par les changements qui impactent les individus alors qu’ils sont toujours en relation avec leur environnement » (1). Le fait que ce néologisme soit introduit juste avant l’arrivée de Google Earth révèle une anticipation d’un registre fondamental psychologique qui serait produit grâce à des vues aériennes de paysages. Ainsi, la solastalgie pourrait être considérée comme un ensemble de données affectives, superposées en des images satellites, qui illustrent souvent, grâce à un jeu d’avant et d’après, l'effondrement des écosystèmes et la destruction du chez-soi. 

La première image que rencontre l’internaute dans le monde interactif cartographique de Google Earth est une image composite. Formée de billions de pixels tirés de plus d’un milliard d’images satellites et aériennes raccommodées les unes aux autres, cette image propose un printemps mondial généralisé, un état qualifié de Pretty Earth (belle Terre) selon Google. La série Solastalgia de Matt Shane semble répondre à cet artifice du printemps éternel et du paysage idéalisé devenu monumental dans ce vide numérique. S’aventurant dans des régions extraterritoriales, là où Google Earth ne peut conserver sa forme, Shane remet en question l’intégrité structurelle de façon à ce que l’architecture et les infrastructures commencent à fondre ou à se dissoudre. Ce qui apparait alors, ce ne sont plus des images, mais des processus dont les formes semblent plus destructrices que génératives. En enregistrant la transformation rapide des écologies, celles-ci deviennent des exemples de ce que Susan Schuppli qualifierait d’hyperimages (2).

Solastalgia est également un corpus d’images composites – une série de peintures réalisées grâce à une stratégie cumulative qui se lisent comme des artefacts numériques. Cela ne veut pas dire qu’elles soient photographiques au sens qu’elles empruntent au réalisme. Plutôt qu’elles utilisent de manière convaincante un langage pixélisé qui se situe adroitement entre la formulation de points de données et une résolution corrompue. À l’instar de la couleur assignée aux longueurs d’ondes dans les images satellite, Shane utilise une palette de couleurs hyperboliques afin de réaliser ses paysages dans un ensemble de rouges vivides et de roses pâles, parfois marqué de taches sombres dont la surface n’est pas sans rappeler la viscosité des marées noires. Ce sont des images d’images qui concèdent vivre dans une ère post-photographique. En autres mots, leur valeur est exprimée non seulement par les informations discrètes qu’elles contiennent, mais également dans la relation cultivée entre chaque œuvre de cette série, étendues en un flux d’images enracinées dans une culture visuelle qui se reproduit et circule en permanence.

Traduction d’un texte de Tracy Valcourt

 La pratique individuelle de Matt Shane intègre la peinture et le dessin sous différentes formes, celles-ci affichant toutes une exécution assurée et une compréhension du médium employé. Par le biais d’éléments imaginatifs et conceptuels couplés à une vision généreuse et humaniste, Shane questionne les lieux en tant qu’idées. Il crée des panoramas qui engage le visiteur, tout en amenant ce dernier à dresser un portrait mental du paysage par le biais d’une approche systématique, une approche qui peut être comprise comme littérale, politique, technologique, mais également comme esthétique et abstraite. Shane vit et travaille à Montréal et détient une maîtrise de l’Université Concordia. L’artiste a reçu de nombreuses bourses et commissions au cours de sa carrière et a complété des résidences à l’international, notamment à la Nordic Artist’s Centre Dale en Norvège. Son travail a été acquis par de nombreuses collections, telles que celle la Banque de Montréal, Caisse Populaire Desjardins, Hydro-Québec, le Musée d’art contemporain des Laurentides et le Musée d’art contemporain de Montréal.

 (1) Glenn Albrech et al. “Solastalgia: The Distress Caused by Environmental Change,” Australasian Psychiatry, Feb. 2007. [traduction libre]

(2) Matthew Fuller et Eyal Weizman, Investigative Aesthetics, London; New York: Verso, 2021, 79.